J’ai écrit ce texte en 2018, une année marquante, inoubliable.
Je découvre cet exercice, et en même temps, je me rends compte de la transposition du » souci du détail » que l’on peut retrouver dans toutes activités.
Il y a plusieurs étapes distinctes à l’occasion d’une correction.
Une fois qu’on a l’esprit clair, la concentration nécessaire, il y a la découverte du texte. C’est entrer dans l’intimité de l’écrivain, cette solitude de l’auteur qui se retrouve à présent sous l’œil correcteur, critique de ce lecteur particulier, qui viendra s’immiscer dans cette suite de phrases et de situations qui a demandé tant d’attention pendant tant de jours ou de nuits avant de prendre la forme d’un récit, d’un roman.
Cet exercice demande de la confiance en soi pour oser intervenir sur le travail de l’auteur; ce qui implique qu’au préalable, cet auteur vous a accordé sa confiance et ça n’est pas rien.
Selon ma méthode, qui n’en est pas une mais qui s’impose comme telle, je lis et corrige au fur et à mesure.
Je découvre une musicalité. Je n’ai aucune accointance avec cet univers musical, mais j’entends si la phrase est fluide ou non; je ne sais pas toujours reconnaître de suite ce qui » fait fausse note « , ce peut être un mot, une tournure de phrase, une répétition de sons ou de mots, une ponctuation mal placée… , c’est l’intuition qui intervient en premier. Apprendre à lui faire confiance et passer le relai au cerveau pour trouver la solution.
Etre franche, rester soi, trouver le mot juste sans trahir le style de l’auteur; je crois qu’ici l’empathie intervient, pour se mettre avec ses mots à soi, à la place de l’auteur ou du personnage.
Patience, réflexion, temps, solitude, s’ajoutent donc à la confiance, la franchise, l’empathie, la vérité, pour mener à bien la correction.
Ensuite vient le temps où l’auteur approuve ou non les suggestions apportées. C’est une étape aussi importante que les autres. Tout comme l’écrivain espère que le lecteur aimera son histoire, le correcteur espère que l’écrivain aimera cet ajout à la qualité de son récit. Donc pour soi, la satisfaction du travail bien fait. Il se joue là aussi une complicité, un moment de partage et d’humilité.
La satisfaction ultime, c’est d’avoir aimé l’histoire corrigée, d’avoir ri, de vivre l’échange de toutes ces belles émotions au service d’un livre. Et un livre ne meurt jamais.
Isabelle Fornier