Trump L’art de la négociation

Je voulais en savoir plus sur cet homme tant raillé et méprisé. Pour me faire ma propre opinion, j’ai décidé de lire son livre et de vous partager mes notes et remarques.

  p 61. “ Plus que toute autre chose, je pense que le sens des affaires est inné. Vous l’avez dans vos gènes ou pas. Je dis ça sans prétention. Ca n’a rien à voir avec l’intelligence. Il faut tout de même ne pas être totalement idiot, mais l’essentiel reste toujours l’instinct. On peut choisir le plus brillant élève de Wharton, celui qui a les meilleures notes et le QI le plus élevé. S’il n’a pas l’instinct, il ne fera jamais un bon homme d’affaires.

  De plus, beaucoup de personnes ont les capacités nécessaires mais n’en profiteront jamais, soit qu’il leur manque le courage de s’en servir, soit qu’ils n’aient pas la chance de découvrir leur potentiel.

  Je n’ai pas regretté, au contraire, j’ai adoré le contenu de ce livre et ce que cela révèle du personnage aujourd’hui, dans ses actes et ses paroles. 

 Son histoire à travers certaines de ses plus importantes réalisations illustre magistralement l’originalité dont il fait preuve, la force mentale dont il ne manque pas.

  Il voit grand : “ Beaucoup voit petit parce qu’ils ont peur du succès, peur de prendre des décisions, peur de gagner.

  J’ai beaucoup aimé (p 67) la superbe description qu’il fait de son comportement pour suivre son instinct. Il fait ses propres recherches, interrogations dans l’ambiance de la vie réelle plutôt qu’auprès d’experts. Il questionne les gens jusqu’à se faire sa propre opinion (chauffeur de taxi, commerçants, habitants, etc.).  Alors seulement, il prend sa décision.

  Il explique (p 72) comment la critique lui est profitable. Il s’est toujours comporté un peu “ différemment “ et ce sont les journalistes qui veulent parler de lui. Cette fois-ci, la critique lui aura permis de s’épargner une page de publicité dans ce même journal, au prix de quarante mille dollars ! 

  Il rend coup pour coup; ne commence jamais le premier mais ne laisse rien passer; il évoque les “ minables “ qui l’attaquent au lieu de créer leurs propres projets.

  Il respecte les délais, ne trompe pas les gens, seul moyen d’établir la confiance. 

  A ce stade (p 76), il évoque Jimmy Carter (qui vient lui demander une somme exorbitante), son courage, son sang-froid et son aplomb pour demander quelque chose d’extraordinaire, ce qui lui a permis d’être élu, mais pas d’assumer la charge. Il évoque aussi Ronald Reagan, charmeur et efficace à envoûter le peuple américain, jusqu’à se demander , sept ans plus tard, s’il y a bien quelqu’un derrière ce sourire.

  Il se fait plaisir. Il aime le travail, les défis.

  Dans ce chapitre (p 80) où il nous parle aussi de son adolescence, il nous confie avoir appris à réfléchir pendant ses années en collège militaire, où ses poings ne lui permettaient pas de faire le poids.

  Il présente le parcours de son père auprès de qui il a appris à travailler étant enfant. C’est passionnant pour encore mieux avoir confiance en lui, si c’était nécessaire. Il a grandi dans une famille soudée, dont le père a commencé sa vie professionnel à treize ans comme ouvrier et en suivant des cours du soir pour s’instruire. Quand Donald Trump était enfant, son père avait réussi à s’élever socialement, mais quand on sait ce que c’est de manquer d’argent, on en connaît d’autant mieux la valeur. Et le fils, qui accompagnait son père dans ses démarches professionnelles, a vite su qu’il viserait plus grand encore.

  La Trump Tower

  p 171. Je ris en imaginant la scène, quand, avec son architecte, il présente la maquette d’un immeuble basique et réglementaire, donc horrible, pour réussir à faire valider l’originalité, la beauté, les tailles démesurées pour lesquelles de nouvelles règles doivent être autorisées pour valider le projet.

Je ne suis pas certain qu’ils nous aient crus capables de construire ce genre d’immeuble, mais ils n’avaient aucun moyen d’être sûrs du contraire.

  p175. “ La personne chargée de superviser les travaux, Barbara Res, était la première femme responsable de la réalisation d’un gratte-ciel à New York. Elle avait Trente-trois ans à l’époque (oct 1980). Je l’avais connue lorsqu’elle avait travaillé pour HRH sur le Commodore (un de ses précédents ouvrages), et j’avais apprécié, lors des réunions de chantier, la façon dont elle ne se laissait pas marcher sur les pieds par les contremaîtres. Elle était deux fois plus petite que la plupart d’entre-eux, mais elle n’avait pas peur de leur rentrer dedans lorsque c’était nécessaire. Et elle arrivait toujours à obtenir ce qu’elle voulait.

C’est curieux, ma mère a été une femme au foyer toute sa vie, or j’ai souvent engagé des femmes pour des fonctions importantes. Elles ont d’ailleurs toujours été plus qu’à la hauteur. Généralement, en fait, elles sont beaucoup plus efficaces que les hommes qui les entourent.

Alors, vous pensez vraiment qu’il est misogyne Donald Trump ? 

  p179. Incroyable ce choix de marbre pour le hall de la Trump Tower ! Choisi par eux-mêmes (lui, sa femme, son architecte), morceau par morceau, l’équivalent du sommet d’une montagne, directement à la carrière en éliminant tous les blocs tâchés. Un résultat époustouflant (marbre Breccia perniche, rose, beige, saumon).

  p180. Une magistrale description des détails du hall de la Trump Tower (l’Atrium) !

Il reconnaît même qu’il doit à la commission d’urbanisme d’avoir une si belle entrée, par sa largeur de neuf mètres au lieu des quatre mètres cinquante réglementaires (donc perte de surface commerciale), mais pour un rendu final magnifique.

Un casino sur la promenade

  Son premier casino à Atlantic City, toutes les subtilités dans l’art d’observer, d’innover, de jongler, de jouer, de bluffer, d’agir vite, de respecter des délais annoncés, de respecter une parole donnée.

   Son association avec Holiday Inn jusqu’à la rupture, l’achat/revente d’actions de la société. Encore une victoire silencieuse et surtout, “ une vision édifiante de la gestion d’un grand groupe aux Etats-Unis.

Et comment il a obtenu sa licence pour le casino !

La bataille pour le Hilton

  Description de ce qu’il ne faut pas faire, quand on est trop sûr de soi (Baron Hilton et sa licence de casino refusée alors qu’il la croyait acquise).

  Savoir être agressif parfois mais savoir être patient en d’autres circonstances (ici quand Baron Hilton lui raconte ses “malheurs”, quand lui écoute, intéressé pour lui racheter son hôtel casino d’Atlantic City vue la situation présentée.

  Une aventure rondement menée, en ne “ faisant presque rien “ d’autre que suivre son intuition, sans même que c’eût été une idée à lui au départ, pour un résultat positif (malgré le procès final, la parole rompue de Biron Hilton (en mode faux cul)).

L’épreuve de force de Central Park South

  L’incroyable bénéfice financier et esthétique, malgré le combat avec les locataires, puis la ville.

Sa mauvaise réputation, déjà, alors qu’elle n’est pas forcément justifiée. Pourtant, il accepte, tolère l’abus des locataires dans l’inversion de l’attaque. Il nous explique aussi le tort fait avec les loyers bloqués. 

La rénovation du Wollman Rink

Six ans et six millions de dollars à la ville de New York, pour une décision (le choix du système de refroidissement de la glace pour la patinoire), quand lui, fixe ce choix sur un coup de téléphone, en dix minutes !

Et ce, après six ans de fermeture de la patinoire pour rénovations et une dépense de douze millions de travaux foireux, et deux cent mille dollars pour une boîte de consultants qui a pris neuf mois au lieu de quatre, pour répondre n’avoir pas trouvé d’où venait le problème, quand Donald Trump, en une seule visite sur place avait compris. 

  Ce chapitre est important pour comprendre le gaspillage de l’argent public, les conséquences de donner le pouvoir à des gens incompétents, le fait qu’il n’y ait pas de responsabilités à assumer par les élus jamais sanctionnés; le choix des entrepreneurs de ces marchés publics, qui font du chantage à la rallonge financière avant de poursuivre un chantier quand personne ne surveille ce chantier.

  Ca en dit long aussi sur Donald Trump, qui a pris à sa charge cette rénovation, parce qu’il voulait que sa fille et tous les New-Yorkais puissent bénéficier de cette patinoire qu’ils contournaient sans pouvoir y accéder. Il a même su la rendre plus rentable que jamais. Le comble, c’est qu’ils sont nombreux à vouloir le voir patiner, pour bien se moquer en le voyant tomber. Heureusement, il n’aime pas patiner.

  Ce livre a été écrit en 1987, Donald Trump avait déjà réalisé bien plus qu’il n’est imaginable. Mais pour ce qui est des valeurs, les siennes sont intactes. Il sait s’entourer des meilleurs, qui à leur tour, déploient tout leur talent pour le profit de tous..

  Je vais terminer par les premiers mot de son premier chapitre.

Je ne fais pas des affaires pour gagner de l’argent. J’en ai suffisamment, bien plus que je ne pourrai jamais en dépenser. Je fais des affaires pour le plaisir. C’est mon art à moi. Certains peignent de merveilleux tableaux, d’autres écrivent de magnifiques poèmes. Moi, je préfère les affaires, surtout les très grosses. C’est ainsi que je trouve mon plaisir.

  La plupart des gens sont surpris par ma façon de travailler. Je suis toujours détendu, je n’ai pas d’attaché-case, j’essaie de ne pas programmer trop de réunions, et je laisse toujours la porte de mon bureau ouverte. On ne peut pas être imaginatif et audacieux si on travaille au sein d’une structure trop lourde. Je préfère aller tous les jours au bureau et voir, au fur et à mesure, comment les choses évoluent. “

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